L’IA, moteur d’innovation ou bombe à retardement pour l’emploi et la justice sociale ? Alors que son usage explose dans tous les secteurs, les Nations Unies alertent sur les conséquences profondes de cette technologie. Entre concentration des richesses, chômage technologique et fracture mondiale, le développement de l’IA pourrait bien faire plus de mal que de bien si rien n’est fait. Zoom.
L’IA menace un emploi sur deux : un bouleversement sans précédent
Les experts de la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement) tirent la sonnette d’alarme : l’intelligence artificielle pourrait bouleverser l’équilibre mondial.
Son impact va bien au-delà de la simple innovation technologique. Les pays les moins avancés, les travailleurs non qualifiés et les économies émergentes sont particulièrement exposés. Et pendant que les géants de la tech s’enrichissent, une partie croissante de la population mondiale pourrait rester sur le bord du chemin.
L’intelligence artificielle n’en est plus à ses balbutiements. Elle s’intègre rapidement dans les processus industriels, les services et même le commerce, au point de remplacer des tâches humaines à grande échelle.
Selon la CNUCED, près de 40 % des emplois à l’échelle mondiale pourraient être menacés par l’automatisation. Les postes les plus répétitifs, souvent peu qualifiés, sont les premiers sur la liste.
Cette transition brutale favorise le capital, c’est-à-dire les entreprises et les investisseurs, au détriment de la main-d’œuvre. En remplaçant les employés par des systèmes automatisés, les entreprises réduisent leurs coûts, mais contribuent à accentuer les inégalités. Pour éviter une crise sociale mondiale, il devient urgent d’investir massivement dans la requalification des travailleurs. Car si l’IA détruit des emplois, elle peut aussi en créer — à condition d’être bien encadrée.
Les inégalités économiques pourraient exploser entre les pays
Les avantages de l’IA ne sont pas répartis équitablement sur la planète. Actuellement, la majorité des investissements dans cette technologie sont concentrés dans deux pays : les États-Unis et la Chine.
Cette domination laisse peu de place aux pays en développement, qui peinent à rattraper leur retard technologique. Résultat : un fossé croissant se creuse entre les nations. Les géants technologiques de ces pays détiennent aujourd’hui une valeur boursière qui dépasse le PIB de régions entières, comme l’Afrique. Une situation qui renforce la dépendance du Sud envers le Nord.
Vers une coopération mondiale pour une IA plus inclusive
Face à ces risques majeurs, la CNUCED appelle à une mobilisation internationale urgente. Il ne s’agit pas seulement de limiter les dégâts, mais de garantir une transition juste, inclusive et équitable.
Le rapport insiste sur l’importance de créer des infrastructures partagées, d’encourager les modèles open source et de favoriser la transparence dans le développement de l’IA. Ces solutions permettraient aux pays en retard de combler une partie de l’écart et d’intégrer plus facilement cette révolution.
Par ailleurs, des décisions politiques doivent être prises pour rééquilibrer les rapports de force. La suppression de certaines barrières douanières pourrait soulager les économies les plus fragiles. Une gouvernance mondiale adaptée aux enjeux actuels, où la prévisibilité et le développement seraient prioritaires, doit émerger. La technologie ne doit pas devenir un vecteur d’instabilité ou d’exclusion, mais bien un levier pour bâtir une croissance partagée.



