Dans un contexte où les jeux dématérialisés occupent une place centrale dans nos bibliothèques numériques, Ubisoft vient de relancer un débat brûlant : sommes-nous vraiment propriétaires des jeux que nous achetons ? L’éditeur français a récemment réaffirmé sa position, affirmant sans détours qu’un achat de jeu ne donne pas droit à une propriété, mais seulement à une licence d’utilisation temporaire.
Une déclaration qui fait écho aux nombreuses polémiques récentes dans l’univers du gaming, notamment suite à la disparition du jeu The Crew des bibliothèques des joueurs. Cette situation soulève de sérieuses interrogations sur la sécurité de nos achats numériques, et remet en cause la valeur réelle de nos collections virtuelles.
Acheter un jeu n’est pas en devenir le propriétaire
La position d’Ubisoft est claire et sans ambiguïté : acquérir un jeu ne signifie pas en devenir le propriétaire, même si celui-ci a été payé plein tarif. L’entreprise insiste sur la nature juridique particulière des logiciels, qui diffère fondamentalement de celle des biens matériels. En clair, lorsque vous achetez un jeu, vous obtenez un droit d’usage limité, encadré par les conditions d’utilisation du développeur.
Ce modèle basé sur la licence permet à l’éditeur de garder un contrôle total sur le produit : il peut modifier les conditions d’accès, retirer le jeu de la vente, ou même en révoquer l’accès, sans être dans l’illégalité. C’est cette subtilité juridique – mais lourde de conséquences – qui est aujourd’hui au cœur du conflit entre les joueurs et les éditeurs.
Le cas The Crew : la goutte de trop pour les joueurs
C’est l’affaire The Crew qui a véritablement mis le feu aux poudres. Ce jeu de course en ligne lancé en 2014 est devenu injouable du jour au lendemain suite à la fermeture de ses serveurs, même pour ceux qui l’avaient acheté.
L’indignation a été immédiate : les joueurs, croyant avoir acquis le titre pour une durée illimitée, se sont retrouvés privés de leur investissement. Cette frustration a donné naissance à une action collective en Californie, accusant Ubisoft de tromperie. L’un des éléments clés de la plainte repose sur les boîtes physiques du jeu, qui mentionnaient une validité des codes jusqu’en 2099.
Un détail qui contredit frontalement l’idée d’un accès temporaire. Les plaignants ajoutent que les crédits en jeu s’apparentaient à des cartes cadeaux, soumises à une législation interdisant leur expiration. Ubisoft se retrouve donc contraint de défendre cette politique devant les tribunaux américains, avec une échéance fixée au 29 avril pour présenter ses arguments.
Quel avenir pour nos bibliothèques numériques ?
L’affaire The Crew dépasse le simple cas d’un jeu : elle soulève une question cruciale pour l’avenir du jeu vidéo dans son ensemble. Peut-on encore faire confiance à l’achat dématérialisé si l’accès peut être supprimé à tout moment ?
Alors que les joueurs investissent de plus en plus dans des versions numériques, souvent au même prix que les copies physiques, la question de la durabilité de ces achats devient centrale. Pour calmer les tensions, Ubisoft a pris soin d’ajouter un mode hors ligne dans The Crew 2, évitant ainsi un nouveau scandale… mais cela n’efface pas le précédent.



